Le 24 mars 2021, face à Edouard Geffray nous avons une nouvelle fois formulé les difficultés et les attentes du pôle santé-social au sein de l’Éducation nationale. Monsieur Soetemont, directeur de la DGRH, pressenti pour cette réunion n’était finalement pas présent…
S’il a été arbitré que la santé scolaire reste à l’Éducation nationale (annonce faite par l’administration lors du point sanitaire fait avec les organisations syndicales le 11 mars 2021), il importe au Sgen-CFDT et au SNAMSPEN de savoir dans quelles conditions.
Interventions liminaires du Sgen-CFDT
Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la fédération Sgen-CFDT, relaie les inquiétudes des professionnels de santé, en insistant sur des effectifs laissés en berne, des mesures toujours en attente, la difficulté des organisations de travail et des circulaires contradictoires. Elle met en avant que pour beaucoup de ces métiers des réformes sont envisagées, des rapport sortent avec des conclusions sans que cela ne soit suivi de décisions. Tout cela conduit à ne pas savoir ce que l’institution veut pour ces professions et leur rôle dans le système éducatifs.
Elle souligne également les grandes insatisfactions sur les rémunérations et le déroulé de carrière alors que pour les médecins il n’y a pas eu de prise en compte dans l’agenda social.
Les difficultés concernant le nouveau corps des psychologues,créé en 2017 et comportant deux spécialités (1er degré et 2nd degré), ont également été évoquées. Fabienne Testa, psyEn et secrétaire fédérale du Sgen-CFDT, a mis en évidence le fait que la circulaire de février 2021 sur la détresse psychologique des élèves incluait bien les psychologues de l’Éducation nationale, mais qu’elle était déclinée de façon aléatoire suivant les territoires, parfois méconnue des personnels.
Le nombre de psychologues est en diminution et insuffisant pour faire face à tous les besoins et il faudrait une hausse substantielle du nombre de places au concours de recrutement des psyEN. Elle témoigne de l’inquiétude de certains collègues du second degré qui craignent la disparition des missions d’orientation auxquelles ces professionnels sont attachés. Les psychologues demandent un temps dédié à consacrer à la collaboration avec les professionnels du « pole santé social » et regrettent l’absence des AS dans le premier degré. une fonction de Psychologue conseiller technique. La question de l’absence de passerelles permettant de passer du 1er au 2nd degré – et inversement – a également été abordée; de même que celle du différentiel indemnitaire entre les deux spécialités.
Interventions liminaires du SNAMSPEN
Le SNAMSPEN quant à lui a fait valoir les éléments suivants :
- Une pénurie qui ne fait que s’aggraver et des missions non faites sans que cela ne dérange l’employeur ! Quelle autre profession subit le même sort à l’Éducation nationale ? Que peuvent en penser les professionnels ? Les risques psychosociaux ne sont plus des risques, les burn-outs sont effectifs !
- La Discussion DGRH en faveur de la profession est gelée depuis mars 2020 : qu’est devenue la revalorisation des MCT actée en mars 2020 avec les organisations syndicales avec majoration de l’indice sommital pour les 3 groupes ?
- Les médecins captifs et prisonniers de l’Éducation nationale avec inemployabilité car perte de spécialité par l’exclusivité de l’exercice à l’Éducation nationale conférée par le statut actuel.
- La nécessité d’obtenir au moins la double tutelle avec la santé pour être réellement considérés comme des acteurs de santé avec la reconnaissance de médecins de santé communautaire pour une meilleure employabilité.
- L’urgente nécessité de revaloriser les salaires pour recruter (contractuels et vacataires). Les médecins intéressés par les missions s’enfuient devant les salaires proposés actuellement sauf dans de très rares académies qui proposent des salaires décents.
- La taille des secteurs qui ne permet plus d’assurer l’ensemble des missions et les concertations indispensables.
- Pour les médecins présents et en attendant de saturer les postes vacants, la nécessité de repenser les organisations de travail et de centrer les missions sur la promotion de la santé en commençant par le premier degré (bilans de 6 ans et leur suivi), en impulsant des projets de promotion de la santé sur les bassins de vie et en formant les personnels.
- L’urgence de définir des organisations de travail claires avec un organigramme (qui est qui, où trouver les professionnels, qui fait quoi en termes d’expertise) et de réaffirmer la nécessité de recours aux expertises complémentaires sur les bassins d’éducation.
- L’absence de logiciel métier avec interopérabilité permettant réellement le transfert de données de santé entre professionnels alors que cela apparaît essentiel notamment dans la circulaire concernant la visite médicale des 6 ans. Quid du cadre réglementaire fixé par l’Agence du Numérique en Santé – ANS – pour faciliter le transfert des données afin de favoriser le parcours en santé des usagers ? Nous n’avons pour nous concerter et échanger les données entre professionnels ni lieux communs, ni temps commun, ni outils communs alors qu’il existe une pénurie grandissante de professionnels ! La possibilité d’échanger entre professionnels du pôle santé-social pourrait se faire avec les nouveaux outils de communication et des temps d’échange en distanciel. Cela demande des outils et… il y a des médecins qui à ce jour n’ont toujours ni cabinet ni bureau personnel…
Monsieur Geffray est en accord avec les constats…
Il dit avoir découvert avec surprise et n’avoir pas estimé dès le départ les tensions entre différents professionnels notamment médecins et infirmières. Il a donc essayé d’avancer sur le concret, circulaire APAD et PAI, et est satisfait d’avoir réussi à réunir infirmiers et médecins pour finaliser ce travail.
Il remarque cependant que « dès qu’on essaie d’avoir une vision générale, les choses se tendent » ; il prend pour exemple l’amendement définitivement adopté par l’assemblée nationale le 18 mars 2021 donnant jour à l’article 1 bis du Code de l’Éducation introduisant la nécessité pour les personnels médicaux, infirmiers, assistants de service social et psychologues de l’éducation nationale, de travailler « ensemble de manière coordonnée ».
Il fait le constat d’« un clivage profond et d’angoisses, ce qui limite les perspectives d’une trajectoire commune ». Il existe cependant « des expertises spécifiques qui se conjuguent intelligemment sur le terrain au profit des élèves ». Il note aussi que « les personnels peu nombreux ne doivent pas être considérés comme la dernière roue du carrosse, surtout si cette roue est motrice, sans cela on court à la catastrophe pour les élèves » …
Sachant que le Sgen-CFDT travaille en collaboration interprofessionnelle au développement d’un « pôle » santé-social, il se dit preneur de « toute vision partagée qui aille au-delà des blocages ».
Monsieur Geffray exprime le fait qu’il faudrait un cadre de pilotage avec nécessité :
- De demander aux recteurs de relancer la politique de santé en faveur des élèves,
- De disposer d’organigrammes,
- Que tout élève puisse bénéficier de la synthèse des expertises professionnelles (« irréductible utilité de chacune des expertises ») et non d’un empilement.
La circulaire sur la santé psychique, travaillée par Monsieur Geffray, voulait introduire les caractéristiques indispensables de chaque profession a-t-il précisé.
Le projet 4D ne comprend pas de disposition sur les personnels de santé, « l’Éducation nationale a voulu garder des compétences spécifiques exercées dans un environnement précis et qui ne sont pas échangeables ».
Il faudrait un « cadre symbolique autour de ça, avec une vision réaliste » (beaucoup de propositions par différentes instances faites autour des professionnels de l’Éducation nationale pour les missions de santé…)
Cadre de travail proposé par Monsieur Geffray
- Ne pas revenir sur les missions ;
- « Consécration de la valorisation des expertises » ;
- « Attention particulière au niveau local » sur les organisations de travail et les lieux : partenariat avec les collectivités, amélioration des bâtis, notamment expérimentation en cours avec des départements pour proposer des travaux sur certains collèges et en faire des « établissements de services », qui permettraient le financement d’outils (visioconférence), salle de réunion pour les professionnels…
- Se propose d’être « un aiguillon sur la dimension outil », il comprend qu’on n’est pas au point actuellement pour collaborer avec nécessité de se tourner vers la DNE (Direction du Numérique pour l’Éducation) ;
- Sur la question salariale, M. Geffray n’est pas en mesure de répondre et doit se retourner vers la DGRH pour l’interroger (toutes nos questions salariales ne trouveront donc aucune réponse à ce jour malgré l’assurance donnée de revenir vers nous dans les heures qui suivent la réunion…).
Monsieur Geffray propose donc plusieurs lignes directrices :
- Sur le versant ressources humaines : il va s’entretenir avec Monsieur Soetemont, directeur des ressources humaines quant aux questions posées sur les avancées salariales concernant les médecins.
- Concernant le recrutement : enquête à lancer par la DGESCO sur l’absence de recrutement de médecins scolaires pour y voir plus clair et va s’emparer du sujet avec la DGRH, puis annonce d’une ligne directrice sur le recrutement : « on ne peut plus laisser autant de postes vacants de médecins » !
- Concernant la dimension collaborative : « il faut trouver le chemin pour travailler avec tout le monde » ; cela passe par des conditions de travail et des conditions techniques.
Analyse du SNAMSPEN / Sgen-CFDT
- Un changement de mentalité de notre ministère avec une volonté affichée de préciser les organisations de travail en bassin d’éducation pour les personnels du social et de la santé de l’Éducation nationale, dans le respect de l’expertise propre de chaque personnel, avec un cadre réaliste pour préciser ces organisations de travail, en se dotant d’outil et d’organigrammes.
- Tout est donc à construire, sous quel délai pour pouvoir percevoir une amélioration de l’organisation du travail ?
- Une volonté d’interroger l’absence de recrutement des médecins dans les académies.
- On sait déjà pourquoi il n’y a pas de recrutement de médecins par les rectorats alors que certains territoires ne souffrent pas de pénurie médicale : salaires laissés le plus bas possible, les missions concernant la promotion de la santé des élèves ne font pas partie des priorités, les budgets épargnés en ne recrutant pas des personnels servent à d’autres professionnels jugés plus utiles.
- En attendant de retrouver des effectifs minimum notamment sur certains territoires très démunis, nos propositions de restreindre nos missions ne sont pas entendues.
- Pas de propositions pour cibler des priorités qui ont du sens pour la promotion de la santé des élèves : las de la perte de sens et de l’impossibilité de réaliser correctement des missions pourtant essentielles en termes de lutte contre les inégalités d’accès aux soins et aux savoirs, les médecins vont continuer à quitter l’Éducation nationale.
- A la dernière question du SNAMSPEN/Sgen-CFDT « Quel message encourageant transmettre aux collègues de votre part ? » : « Pas de réponse à vous faire, mais attendez quelques heures que je contacte la DGRH pour savoir où on en est !
- Plus de deux semaines sont passées, nous n’avons eu aucune nouvelle du directeur de la DGESCO, malgré les multiples relances de la secrétaire générale du Sgen-CFDT !
Une fois de plus, au-delà des mots, l’absence de fait concret ou à proche échéance, et des arbitrages toujours pas rendus, nous font douter :
- Sommes-nous chez le bon employeur au sein de l’Éducation nationale devant cette absence de réelle volonté de réagir en urgence pour sauvegarder le corps de médecins formés pour promouvoir la santé des élèves ?
- Devant la persistance d’absence de mesure concrète, le nombre de départements privés de médecins formés à la santé scolaire, et le nombre de missions réellement effectuées en faveur de la santé et de la réussite des élèves qui ne seront plus assurées vont se majorer !
Le SNAMSPEN / Sgen-CFDT demande au ministère de l’Éducation nationale des faits concrets :
- Des missions précisées et ciblées (en attendant le recrutement des personnels) qui justifient pleinement l’expertise médicale spécifique au-delà des actes systématiques ;
- Une politique volontariste de recrutement des personnels médicaux à des salaires décents imposée aux rectorats pour avoir des équipes pluriprofessionnelles complètes sur les bassins d’éducation dans l’intérêt des élèves mais également des établissements scolaires et de la communauté éducative.
- Une tutelle interministérielle avec le ministère de la Santé afin de reconnaître pleinement le rôle d’acteur de soins primaires et de santé communautaire pour les médecins de secteur.
- Des outils numériques et logiciels métiers conformes à la réglementation pour permettre la transmission des données de santé afin de faciliter les parcours de santé des élèves et le travail de façon coordonnée entre professionnels au plus près des usagers.
- Une juste reconnaissance salariale de l’expertise et de la formation initiale, spécifique et continue de médecins de secteurs et des médecins conseillers techniques de l’Éducation nationale.
- Une facilitation des détachements des médecins qui le souhaitent vers d’autres services publics ou assimilés d’un même territoire, pour servir la promotion de la santé des élèves conformément à leur expertise quand les conditions d’exercice ne le permettent plus sous la tutelle de l’Éducation nationale.
Renseignez notre enquête en ligne :
Afin de rendre compte des disparités d’exercice suivant les territoires, des rémunérations, des conditions de travail : prenez le temps de renseigner notre enquête, que vous soyez médecin de secteurs (titulaire, contractuel, vacataire) ou médecin conseiller technique (MCTR MCTD adjoint et chargé de mission) !
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