Le 30 Mars 2020, Jean Michel Banquer, ministre de l’Éducation nationale a organisé une visioconférence avec les organisations syndicales et les représentants santé-sociaux de la FSU, de l’UNSA et de la CFDT. Compte-rendu.
Protection des personnels
Cette visioconférence a permis de relayer les inquiétudes quant aux gestes barrières et à la protection des personnels au contact des enfants de soignants avec notamment la question relative au port d’un masque : la distribution aux personnels d’accueil des enfants de soignants devrait être prochainement assurée nous a dit le ministre, après que tous les personnels soignants aient été dotés.
Protection de l’enfance
Du coté des personnels santé-sociaux, l’inquiétude est à la protection de l’enfance, celle-ci a été très largement abordée lors de cette visioconférence, tout comme la question du renforcement des inégalités sociales et des acquisitions scolaires durant ce confinement en raison de la fracture numérique.
Ce confinement peut générer du stress et de l’inquiétude pour les enfants, les parents, mais aussi pour les enseignants. Le maintien à tout prix d’une continuité pédagogique, parfois à un rythme soutenu, peut être source de conflits entre parents et enfants. On ne s’improvise pas enseignant !
Continuité des services médico-sociaux de l’Éducation nationale
La continuité des services médico-sociaux de l’éducation nationale est depuis le début de cette crise sanitaire assurée par des personnels mobilisés dans les rectorats et les inspections mais aussi par les personnels, trop souvent oubliés, qui œuvrent dans les bassins de vies au plus près des familles et en lien avec les établissements.
Une continuité qui n’a pas bénéficié d’une communication suffisante de la part du ministère…
Les questions sont variées, les inquiétudes multiples, qu’il s’agisse des personnels ou des familles. Le confinement est plus ou moins bien vécu par les familles. Cette continuité de service n’a pas bénéficié d’une communication à l’identique de celle concernant la continuité pédagogique de la part de notre ministère et nous l’avons dit.
Depuis, recteurs et rectrices, inspecteurs et inspectrices, ministre ont communiqué sur cet engagement reconnu. Les professionnels médecins et infirmiers de l’éducation nationale qui se sont portés volontaires, sur les plateformes de recensement ou auprès de leurs rectorats pour renforcer les équipes médicales qui luttent contre l’épidémie, ont été remerciés pour leur volontariat.
Modalités de mobilisation des personnels de santé de l’Éducation nationale
Cette visioconférence nous a surtout permis d’éclaircir les modalités de mobilisation des personnels de santé de l’Éducation nationale pour faire face au COVID-19, en renfort des équipes soignantes. C’était une attente de toutes les organisations syndicales.
Le volontariat avec convention de mise à disposition par l’employeur (rectorat) ou la réquisition des personnes volontaires (via ARS/Préfet) permettent d’assurer les protections juridiques nécessaires aux changements de missions des personnels. Le ministère de l’éducation nationale nous a dit s’appuyer sur les recommandations du ministère de la santé et des solidarités qui a édité le 27 Mars 2020 un vade-mecum concernant la mobilisation de tous les personnels de santé pour le COVID-19.
Ce vade-mecum a permis de définir le cadre juridique de toutes les mobilisations possibles et de procéder la semaine dernière à un nouveau recensement par les rectorats des volontaires qui ne se seraient pas inscrits faute de précision des conditions pour cela.
Pas de réquisition autoritaire et massive des personnels de santé de l’Éducation nationale même au plus fort des tensions hospitalières…
Le volontariat est donc un principe qui semble acquis pour cette mobilisation : les listes de recensement mises à jour par les rectorats permettent de préciser les missions que les volontaires sont prêts à accomplir. Il a été demandé aussi aux rectorats que soient notifiées les situations particulières des agents fragiles en cas de nécessité de réquisition en dehors du volontariat.
Il n’y a pas eu cependant à ce jour de réquisition autoritaire et massive des personnels de santé de l’Éducation nationale, même au plus fort des tensions hospitalières. Il est aussi vrai que la réserve sanitaire est saturée et que les compétences techniques recherchées (urgences, réanimation, smur…) concernent peu de personnels de l’Éducation nationale.
Les personnes les plus fragiles, en EHPAD ou sans domicile fixe, restent cependant aussi une grande préoccupation qui nous a été rapportée par notre ministre et ses services (DGRH/DGESCO).
Accompagner de la sortie du confinement
Notre ministre a aussi évoqué le retour à l’école à la fin de la période de confinement et l’implication attendue de tous les personnels médico-sociaux afin d’accompagner la résilience. Il s’agira de faire face aux difficultés vécues durant cette période de confinement, aux deuils, aux troubles générés, aux questions des élèves et des professionnels. Des informations sanitaires seront à transmettre. Il faudra accompagner le retour au rythme scolaire pour les familles comme pour les personnels. Le retour à l’école nécessitera donc une attention et une mobilisation toutes particulières des personnels sociaux et de santé. Le ministère y travaille déjà.
Il faudra accompagner le retour au rythme scolaire pour les familles comme pour les personnels.
Le SNAMSPEN/Sgen-CFDT a apprécié ce temps d’échange de qualité avec le ministre : l’attention et la parole données aux assistants de service social, aux personnels infirmiers et médicaux sont bien trop rares au sein d’un ministère qui veut agir pour la santé des élèves.
En conclusion, les recensements non coordonnés des divers personnels de santé de notre territoire, la méconnaissance des expertises propres à certains d’entre eux dès lors qu’il ne s’agit pas d’être au lit des malades, la complexité des statuts, fonctionnements administratifs et tutelles, se sont révélés comme autant de freins à la mobilisation de personnels volontaires tout en étant très anxiogènes pour les autres personnels de santé de l’Éducation nationale.
Perspectives
Crise sanitaire unique ou répétition pour un futur inconnu, nous devrions pouvoir réfléchir collectivement à mieux organiser et roder les réseaux d’expertises et d’interventions pour agir au plus vite et au plus près des usagers.
Les médecins des ARS ont pu découvrir les compétences et expertises particulières des médecins et infirmières de l’Éducation nationale…
Cette crise sanitaire a permis le déploiement des téléconsultations, des consultations téléphoniques, du renouvèlement d’ordonnance par le pharmacien sans faire déplacer les plus fragiles, d’interventions d’orthophoniste à distance, d’une diminution de la fréquentation des urgences hospitalières pour ne garder que les seules véritables urgences. De plus, sur certains départements les médecins des ARS ont pu finalement découvrir les compétences et expertises particulières des médecins et infirmières de l’Éducation nationale affectés habituellement sur les secteurs. Ne faut-il pas investir et améliorer ces progrès ?