CAPN des médecins de l’éducation nationale – 17 octobre 2017 : déclaration liminaire du Snamspen / Sgen-CFDT

Répartition des médecins de l'éducation nationale sur le territoire, reconnaissance de leur professionnalisme, politique de recrutement dans les académies, protocole "Parcours Professionnels, Carrières et rémunérations" - PPCR, le Snamspen/Sgen-CFDT lance une nouvelle fois l'alerte...

Snampsen/Sgen-CFDT Syndicat national des médecins de l'éducation nationale -CAPN du 17 octobre 2017

 

Le SNAMSPEN/Sgen-­‐CFDT lance encore une fois une alerte au ministre de l’éducation nationale.

S’il existe au niveau du Ministère un effort de communication sur notre métier, qui est jugé passionnant, les académies peinent à renforcer les effectifs des médecins.

Au niveau national, on dresse un bilan de 300 postes non pourvus. Or, il ne s’agit ici que des postes de médecins titulaires. 1039 personnels ont été recensés en 2016 alors qu’en 2008 1292 titulaires étaient effectivement en activité. Les départs accélérés des personnels faisant valoir leur droit à la retraite en 2017 et 2018 nous font penser que malgré les 20 places annuelles offertes au concours, nos effectifs resteront pour les toutes prochaines années à venir, bien en dessous de la barre des 1000 titulaires.

Plus de 2000 personnes travaillaient au service de la médecine scolaire en 2005 alors que les missions étaient moins nombreuses et moins complexes. Combien de contractuels renforcent à ce jour les rangs des titulaires pour faire face à toutes les demandes de la communauté éducative en termes de diagnostic et d’accompagnement des élèves à besoins éducatifs particuliers, de plus en plus nombreux ? Nous demandons qu’un bilan du nombre de vacataires et contractuels soit dressé dans chaque académie.

Des conditions devenues clairement inacceptables…

Les professionnels de la médecine scolaire travaillent pour la plupart dans des conditions devenues clairement inacceptables : mépris de leur expertise (mal utilisée), de leurs missions et de leur personne, de leurs difficultés professionnelles, quand ils ont en charge des secteurs qui couvrent le quart, la moitié voire la totalité du département.

Le classement dans les groupes ou le montant du RIFSEEP ne permet pas de reconnaître l’expertise de ces professionnels. Les choix budgétaires faits par les académies, au détriment de la reconnaissance voire de l’existence des médecins de l’éducation nationale, ne sont plus à démontrer !

 

Une répartition des médecins scolaires inégale sur le territoire

 

Alors qu’il existe encore quelques départements aux postes de médecins scolaires entièrement pourvus, d’autres départements, de plus en plus nombreux, sont en pénurie totale. On impose aux médecins, faute d’effectifs et de temps, de travailler de plus en plus sur dossiers, de façon administrative, et prioritairement pour arbitrer des demandes, de plus en plus nombreuses, d’adaptations pédagogiques faute de pratiques pédagogiques différenciées organisées. Comment peuvent­‐ils faire la promotion de leur métier dans ce cadre, devenir maitres de stages dans les territoires où la pénurie est la plus importante ?

 

Pour une meilleure reconnaissance du professionnalisme des médecins de l’éducation nationale

 

Nous sommes très loin du métier passionnant pour lequel les médecins se sont engagés. Il ne s’agit pas là d’une difficulté d’adaptation professionnelle mais plutôt du constat d’une véritable dégradation de la profession et du service rendu aux élèves sur certains territoires. Les médecins sont de plus en plus nombreux à ressentir une perte de sens de leur travail. Pourtant ils sont convaincus du rôle qu’ils ont à apporter aux élèves à travers leur exercice clinique, la réalisation de consultations pour les élèves en difficultés scolaires, en difficultés comportementales et aux besoins éducatifs particuliers. Ils ont également conscience de leur rôle de médecin de santé publique dans la construction de programme de promotion de la santé cohérent, de la maternelle au lycée, sur les bassins de vie. On notera d’ailleurs dans le dernier rapport de 2016 sur le « Bien-­être des élèves à l’école et promotion de leur santé » réalisé par le Cnesco, que le médecin scolaire n’est jamais mentionné!

Nous sommes très loin du métier passionnant pour lequel les médecins se sont engagés…

Que penser de la lisibilité de cet acteur alors même que son référentiel métier l’identifie comme le personnel « pilote des projets d’action d’éducation à la santé en lien avec les politiques nationales et régionales de santé, tout comme il est dans ses missions « d’impulser de coordonner et participer aux programmes de prévention, de dépistages et d’éducation à la santé… ». On trouve bien l’infirmier, l’enseignant, le psychologue scolaire dans ce rapport mais aucunement le médecin de l’éducation nationale. Entre le discours ministériel, les circulaires, les référentiels métiers et la mise en œuvre de la politique de santé des élèves au plus près des usagers, nous constatons un véritable gouffre.

 

Une politique académique plus claire

 

Nous sommes aussi consternés de voir que le ministère participe ainsi aux inégalités territoriales de santé en n’imposant pas aux académies une politique claire de recrutement des personnels médicaux. Chaque académie agit de façon totalement indépendante aux mépris de la qualité de service public rendu aux élèves en matière de santé individuelle et communautaire. Certaines académies n’hésitent pas recruter des médecins à l’échelon 9 de la deuxième classe pour maintenir la qualité du service public alors que d’autres restent à des salaires indignes correspondant la plupart à un complément retraite ou ne font même pas l’effort de communiquer les offres d’emplois.

Le ministère participe aux inégalités territoriales de santé…

Le SNAMSPEN/Sgen-­‐CFDT demande instamment au ministre de l’éducation nationale de clarifier sa politique et ses objectifs pour les personnels médicaux. Les médecins qui restent en place dans certains départements ont des conditions de travail inacceptables que nous dénonçons.

 

PPCR des médecins de l’éducation nationale

 

Le SNAMSPEN/Sgen-­‐CFDT défendait jusqu’à présent un PPCR réévalué et harmonisé au minimum à hauteur des médecins de prévention et de santé publique des autres fonctions publiques alors que d’autres experts proposent que nous soyons rémunérés comme des praticiens hospitaliers. L’urgence est, à l’heure actuelle, de redéfinir les conditions de travail et les missions des médecins titulaires qui restent en place, notamment pour l’encadrement des étudiants, stagiaires, contractuels qui sont amenés à assurer nos missions sans expertise et de se pencher sur l’avenir de la médecine scolaire au sein de l’éducation nationale.

Redéfinir les conditions de travail et les missions des médecins titulaires qui restent en place : une urgence

Le SNAMSPEN/Sgen-CFDT représente des médecins qui souhaitent œuvrer pour un service de promotion de la santé en faveur des élèves dans un ministère reconnaissant la hauteur des enjeux de santé publique portés par des médecins experts de la santé des enfants et des adolescents à l’école. Ces professionnels de santé dans l’école sont appelés à mieux coordonner l’orientation dans le système de soins et les actions de prévention, dans le respect des expertises et des coûts, tant pour les familles que pour les contribuables.

Nous attendons du ministère de l’éducation nationale qu’il se positionne plus clairement sur sa volonté de mieux reconnaitre et valoriser les médecins de l’éducation nationale devant l’aggravation continuelle des conditions de travail qui leur sont faites depuis plusieurs années.

Patricia COLSON
Secrétaire générale du SNAMSPEN/Sgen-CFDT

 

Pour aller plus loin :

Médecins de l’Éducation nationale : Espoirs et interrogations