Lundi 26 mars 2018, les ministres de l’Éducation nationale et de la Santé se sont déplacés à la rencontre des personnels enseignants et médicaux œuvrant pour la maternelle, dans une école de Sainte-Geneviève-des-Bois, en Essonne.
Visite médicale des 6 ans
Il s’est agi d’aller à la rencontre de l’école maternelle, et de mieux comprendre la visite médicale des 6 ans dont les deux ministres, Madame Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé et Monsieur Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, ont fait tous deux une priorité de santé. Dans ce département, un groupe de travail associant IEN chargée de la maternelle, conseillers pédagogiques, enseignants et trois médecins de l’Éducation nationale, ont mis au point un protocole « Pour une entrée sécurisée au CP ».
Un nouveau protocole : « Pour une entrée sécurisée en CP »
Ce protocole vise à identifier les besoins de chaque enfant sur le plan de la santé et de l’éducation avant l’école élémentaire. Il a été construit pour que les enseignants puissent évaluer la progression des acquisitions des élèves de grande section, notamment sur des champs du programme plus particulièrement sélectionnés par les médecins, comme étant déterminants pour le repérage d’éventuelles difficultés cognitives, motrices, ou dans le cadre des habilités sociales. Ce protocole a été construit pour l’intérêt de tous, en premier des enfants. Mais il se veut être aussi un outil utile pour les enseignants puisqu’il est un vrai bilan d’étape d’acquisitions, allant dans le sens de celui qui est demandé en fin d’année.
Un bilan utile aux médecins scolaires
Pour les médecins scolaires, la réalisation ou non par les enfants des items choisis par les médecins pour ce bilan intermédiaire des acquisitions permettra que la visite médicale soit plus finement orientée sur les difficultés repérées et celles-ci d’emblée explorées par des tests spécifiques. Ce protocole est né d’une véritable volonté de travail collaboratif, entre enseignants et médecins dans le respect des contraintes et des expertises professionnelles de chacun pour le bien-être et la réussite des élèves. Notre consoeur, médecin de l’éducation nationale lors de cette visite des deux ministres, a explicité la visite médicale de manière ludique aux enfants de la classe. Il n’était pas déontologiquement question de réaliser une visite médicale sous les yeux de tous dans le but de faire comprendre à nos ministres le contenu d’une visite médicale, de toute façon adaptée à chaque enfant. Une table ronde associant les deux ministres, l’IEN, le médecin conseiller technique de l’Essonne, le médecin de l’Éducation nationale du secteur, celui de la PMI et l’enseignante a eu lieu.
Visite médicale et place des collaborations professionnelles
Beaucoup de questions ont été posées à notre consœur par les deux ministres comme le temps de cette visite médicale (3/4 d’heure minimum), l’intérêt de ce travail collaboratif entre enseignant médecin scolaire, parents, la liaison médecin scolaire – PMI (très efficiente en Essonne, malgré la pénurie grandissante des professionnels de santé). Notre consœur, face aux deux ministres, a pu regretter l’absence de collaboration avec les infirmier·es pour cette visite médicale, essentielle pourtant pour ce personnel puisqu’il est censé assurer par la suite le suivi des besoins particuliers des élèves en matière de santé. Sans existence de dossier médical partagé entre infirmier·e et médecin scolaire, ce suivi ne peut s’effectuer sans collaborations officialisées entre personnel médical et infirmier. Les deux ministres semblaient bien au fait de cette difficulté, toute particulière à l’Éducation nationale.
Une offre de soin réduite
Enfin, médecins scolaires et de PMI ont déploré le manque d’offre de soins, notamment en REP. Il est vrai qu’assurer à tout prix les visites médicales et les diagnostics n’est pas une finalité en soi. C’est bien la prise en charge adaptée et rapide qui s’avère primordiale, pour donner toutes les chances aux enfants. La possibilité d’accéder aux soins, notamment pour les familles les plus démunies, est la véritable urgence. Il faut dans bien des secteurs attendre près de deux ans l’intervention d’une orthophoniste, d’une psychologue ou d’autres soins nécessaires à la réussite et au bien-être des élèves.
Le Sgen-CFDT espère que la visite des deux ministres permettra peut être d’aller dans le sens de ses revendications pour :
- La reconnaissance de la spécificité de la visite médicale de 6 ans : contenu et temps nécessaire
- La nécessité de recruter des médecins de l’Éducation nationale pour assurer toutes les visites médicales de 6 ans exigeant une expertise particulière tout en assurant, toujours, les autres missions en faveur de chaque élève
- L’urgence de coordonner et prioriser l’adressage des enfants vers le soin, suivant des diagnostics médicaux réellement établis
- La nécessité de renforcer l’offre de soin localement suivant les indications des professionnels de santé qui adressent vers le soin
- La redéfinition cohérente de toutes les collaborations professionnelles, au même titre que celles qui existent entre médecins et enseignants, pour œuvrer pleinement en faveur de la santé et de la réussite de chaque enfant, dans le respect des compétences de chacun
- La mise en place d’un dossier médical partagé pour permettre le suivi médical de l’enfant dès sa naissance, afin que les informations essentielles au suivi de l’enfant puissent être bien prises en compte par les professionnels de santé.